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Michel Couvreur
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| La côte de Beaune |
N'y a-t-il pas plus belle dissidence que de vivre de ce que l'on aime sans compromission ?
Quand c'est pour nous gratifier qui plus est de la quintessence de sa passion, je dis qu'il faut rendre un hommage à Michel Couvreur, bien que pour ma part, les seuls distillats dont je sois capable sont des coulées de jalousie amère à son égard !! Bravo quand même !
L'histoire commence il y a des années où M.C. faillit acheter une distillerie écossaise pour s'apercevoir qu'on y travaillait presque aussi souvent qu'à la poste de Bonifaccio. Ainsi, il préféra demeurer près de Beaune, en Bourgogne, et fabriquer à façon ses malts : en important l'eau par citernes du Loch Katrine, en parcourant l'Andalousie pour sélectionner lui-même ses fûts de Xérès (P. Ximénès, Oloroso, etc...) en commanditant la pousse de son orge, en aménageant sa cave pour un vieillissement en chais bourguignons, en façonnant chaque variété de malt pour obtenir des produits aussi originaux que remarquables.
Citons ici son cœur de gamme: un Grain Scotch d'une rare légèreté, long et sirupeux, un Pure Malt "unfiltered" 12 ans d'âge, rond, épicé, où se retrouvent des notes de zan, de menthol, de bois, un Single-Single (ou Single Cask) de 14 ans de toute beauté, souple, fruité, doux comme un baiser de châlonnaise, et également une perle rare, le Bere Barley, du nom d'une variété d'orge à très faible rendement et dont il a prescrit et surveillé la culture aux Orcades (Orkney Islands) pour obtenir un Single Malt d'une très grande intensité aromatique.
On ne compte plus le nombre de français moyens (pléonasme) qui ont crié «au fou» lors du démarrage de l'aventure de M.C. Finalement, quelques années plus tard, la «success story» est telle que l'apprenti sorcier n'a heureusement plus à prouver qu'il n'est point un Mickey !
Nous serions bien incapables de vous révéler les raisons du succès d'une entreprise dont le surréalisme fait de l'ombre, depuis Beaune, à Magritte. Cependant, si M.C. arrive à vendre ses whiskies aux plus grands restaurants (de Tokyo à L.A. !!!), c'est que sa progéniture maltée sort du lot. On devine que les fûts prennent modèle sur les cagouilles locales et imposent, du fond des chais très humides, un vieillissement de très grande lenteur, propre à développer équilibre, longueur en bouche et harmonie.
Le «Michel Couvreur» est LE whisky messianique que nous attendions de pouvoir vous faire découvrir et il me sert d'arbalète pour décocher un carreau trempé de mon incurable misanthropie contre ceux qui vont nous écrire et nous faire part de leur joie d'avoir découvert l'eau chaude ou le lait sucré («ouais... euhh... cool... vous connaissez un whisky 'achement rare... le Glendeveron ? moi, j'ai goûté l'Aberlour et le Glenfiddich hier soir.. et ben... c'est décidé ! ayé ! je vais ouvrir un site de connaisseur de whisky !!! viendez nombreux !..»)...
Bon, d'accord, je me suis lâché... En fait de carreau, c'est une marmite d'huile bouillante... Soit ! Pour me dédouaner, dans mon infinie mansuétude, je vais vous indiquer où rencontrer les cols encirés de M.C. : chez de vieux cavistes spécialisés, à Paris, à INNO Montparnasse... puisqu'il me reste encore un peu d'aigreur au fond de la marmite, j'oublierai consciencieusement de citer le caviste près du marché Aligre, à Paris, dont la sympathie rappelle la porte des Baumettes et son entrain à servir les clients, l'envie de se pendre au coin de la rue !!
Oui, je sais, ça y est, je suis énervé, mais il ne m'en faut pas beaucoup après avoir dénudé des bleus de mon âme... Michel COUVREUR, tout ça est de votre faute... je n'aime pas quand les autres réalisent mes rêves !...
Arnaud
Ce soir-là...