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Invergordon

Un des mystères de l'Ecosse est de produire les whiskies de malts les plus
complexes et les plus élaborés au monde. Un autre a été de ressusciter
le whisky de grain, composante vitale du blend. Le whisky de grain est
obtenu par distillation continue d'une céréale autre que l'orge maltée (blé, seigle,
maïs, etc...). La caractéristique organoleptique de ces whiskies de grains est
qu'ils n'ont de raison d'être que fondus à d'autres whiskies de grains et à
des échantillons de whiskies de malts afin de donner naissance à des "blends"
dont les plus célèbres sont Johnny Walker,
J & B, Black & White, etc....
Invergordon Distillers nous gratifient depuis quelques années d'un single grain
à un prix défiant toute concurrence.
Ce breuvage de couleur claire est condamné à être un apéritif initiatique pour les
amateurs de malts. En effet, il ne sera que trop évident pour ceux qui n'ont pas
débranché leurs neurones lorsque le mauvais goût guidait leur choix vers des
blends (dont l'abus est un outrage au palais délicat) que le single grain est le
parent pauvre du single malt : imagineriez vous une Rolls sans calandre et sans
tableau de bord en ronce de noyer véritable ?...
Voilà ce à quoi ressemblerait donc le single grain... Le single malt du pauvre...
L'Invergordon incarne plus que tout autre la simplicité du whisky de grain :
unicité de tempérament, convergence des sensations de légèreté, d'onctuosité, mais aussi de
lourdeur des alcaloïdes saturés de saveurs végétales, de foins coupés
et de fleurs blanches.
Ce single grain, loin d'être une simple matière première pour les grandes marques
multinationales de blends dénaturés, est une redécouverte des éléments constitutifs
de chaque bouteille de scotch. Il constitue une entrée en matière intéressante pour
les amateurs de malts. Il est le référant de quiconque s'interrogerait sur sa
conviction à apprécier un malt plus qu'un blend. Il est aussi le "starter"
adéquat à tout initié dans l'univers de goût des whiskies : à apprécier en apéritif,
entre les tapas et les ragots, à l'heure où le bourgeois se sent homme de goût sans
que sa bourse ne se sente moins écossaise...
Arnaud
Ce soir-là...
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