Suntory Royal

Jolie bouteille... Voilà bien un drôle de breuvage, produit dans de vrais
alambics écossais, de formes similaires, achetés dans les Highlands. Le
premier établissement au Japon date de la fin du siècle dernier.
Le procédé de fabrication actuel date des années 60.
La différence avec les scotches provient surtout de la qualité de l'eau
des sources japonaises : très alcalines, manquant de composés
végétaux (carbonnés) et doté d'une tourbe locale heureusement rare.
Le climat du nord d'Hokkaïdo est comparable à celui des Highlands
écossais mais les hivers y sont plus rudes, 15 ans de vieillissement
y valent 8 ans en Écosse. Le Japon nous avait en fait habitué à mieux que ça.
La version single Malt du Suntory est nettement plus onctueuse
et le talent de certains maîtres distillateurs japonais ont produit d'autres petites
merveilles (le Nikka, introuvable
en France, honorables amateurs !!!) qui feront oublier
ce "standard" Suntory.
Ça donne envie à certains d'être méchant. Un bon ami
l'a une fois définit ainsi : "c'est le
Canada Dry des whiskies (sans la rondelle de citron),
le samouraï qui veut se faire aussi grand que l'Highlander".
Est-ce la raison pour laquelle le groupe Suntory (dont la distillerie principale
est la plus grande du monde, nom d'une gheisha ! ) a racheté le groupe Morrison
en Écosse, auteur des fabuleux Auchentoshan (Lowland) et
Bowmore (Islay)?...
Gare aux nippons si l'envie les prenait de miniaturiser la noblesse de ces
malts-là...
Les distillats qui composent l'assemblage du Suntory sont trop faibles en goût : ils
ne forment pas un bouquet de goût mais à peine un trop petit jardin japonais de saveurs. Comme on n'attrappe pas Godzilla avec du vinaigre, on y a sans doute ajouté des trucs (certainement du caramel, à en juger par l'aspect des verres le lendemain...). Ne soyons pas trop vaches, ça reste un produit noble, très plaisant malgré les sources fadasses.
Conclusion : Un whisky de digestif, de partie de cartes. Excellent pour entamer une initiation, surtout s'il est suivi d'un Bushmills : on n'oublie pas la différence de longueur en bouche (10 secondes contre 2 minutes !).
Arnaud
Ce soir-là...
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