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John Brown Special Malte

« Le flacon Maltais »


 

Inutile de vous préciser que ce whisky fabriqué sur l'ile de Malte n'a pas le charme félin de Lauren Bacall... Il évoque même plutôt le Port de l'angoisse ! Voilà une bien étrange découverte : un whisky sur une île perdue entre la Tunisie et la Sicile, dont les sémillants autochtones demeurent tout de même d'habitude plus friand de Boukha et de Moscatel.

Mais depuis la cuisante fricassée navale que Ze Admiral Nelson infligea au corse mégalo à Trafalgar, la Méditerranée a du elle aussi subir l'inexorable domination de la Perfide Albion. Ainsi, Malte, havre de paix, de culture judéo-arabe, fief templier épargné des fureurs despotiques, s'est mise elle aussi à l'heure du thé, du cricket et des cours de la City. Il ne manquait plus qu'à remplir les bars des denrées de premières nécessités pour les coloniaux : gin et whisky à tous les étages.

Jusque là, rien qui ne sorte de l'ordinaire des us et coutumes de nos voisins d'outre-Manche si ce n'est que leur vice a fait école : les maltais, une fois leur indépendance gagnée, se sont mis en tête de produire eux-même un whisky, le John Brown Special.

Si vous saviez à quel point ce nom à lui-seul incarne le concept de méthode Coué : quand bien même l'écriraient-ils en gros caractère fluo sur l'étiquette, ce "spiritueux" n'a rien de spécial. Pis, je dirais qu'il a autant de personnalité que la chaise sur laquelle je viens de poser mon fondement.

La dégustation ne m'a révélé aucun secret de templier, et de mon verre n'émane à priori aucune fragrance distincte, si ce n'est ce nez de parfum de Prisunic qui fait craindre le pire. La première gorgée rassure : Waterloo morne plaine, aussi insipide qu'un talk-show de TF1, aussi barbant qu'un déjeuner du dimanche chez ma belle-mère.

La finale réserve cependant une surprise - et pas une très bonne - sur ses dernières caudalies : un vieux relent de cale de galère, d'engeance barbaresque, coincé entre la prune pourrie et la rustine chaude, trahissant une élaboration somme toute laxiste et dont l'approximation n'a d'égale que le nom de baptème du produit : John Brown.... John Brown !! ahh... !!. le marketing est passé par là !

Aucun doute ! Peut-on imaginer un vin français qui s'appellerait Jean Dupont ? Ou encore Mouton Cadet ?...

Je ne peux m'empêcher de penser que la Master Wine Ltd qui a distillé ce whisky n'avait d'autre ambition que de créer un "alcoolisant" à soda pour la jeunesse de l'île en mal de sensations viriles. Les pièces à conviction sautent aux yeux : un conditionnement en 35cl qui ne peut être autre chose qu'une invitation déguisée à n'en point abuser, la mention à peine convaincue Fine Whisky en grosses lettres rouges à côté desquelles manque en filigrane "Si ! Si ! Je vous assure qu'il est Fine, le whisky !!", etc...

Hemingway parlait dans ses derniers écrits d'îles à la dérive... On ne peut décemment imaginer un tel sort à l'île de Malte, tant que les marins de La Valette éviteront les écueils évanescents et intangibles que mettrait sur leur route l'inconsistant John Brown, point d'ancrage que notre capitainerie éthylique les pressera d'oublier.

Arnaud
Ce soir-là...

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